Because now I hate me too. | Alice.

▬ PSYCHOLOGIE DU PERSONNAGE :

Il fut un temps où je riais pour rien. Je sortais tous les jours, profitant de la vie. J'étais remplie de joie de vivre. J'étais aussi la meilleure de ma classe, celle qui faisait la fierté de mes parents. Non seulement, j'étais douée, mais j'étais aussi populaire. Mais je n'étais du genre à avoir la grosse tête. Je laissais ça aux pouffiasses qui se croyait au-dessus de tout le monde. Je n'étais pas de ce genre, ça ne m'intéressait pas. Et la descente aux enfers a commencé. La fille que j'étais disparaissait derrière le monstre. Je me renfermais sur moi-même. J'étais descendue au plus bas de l'échelle. Mes amis me tournaient le dos. Le sourire qui semblait ne jamais s'éteindre, s'atténuait de plus en plus avant de disparaître de mon visage. J'étais devenue une coquille vide. Il n'y a plus aucune trace de bonheur en moi. Il fut un temps où j'aimais écrire, c'était devenue ma passion, mais, après ce qu'il s'était passé, je n'ai plus jamais touché à un stylo et une feuille de ma vie. Pas même un clavier d'ordinateur. J'ai bien trop peur pour ça. Depuis ce fameux jour, je suis devenue complètement instable, dépressive. J'ai même essayé de mettre fin à mes jours. Je ne me sens plus à ma place dans ce monde.


▬ POUVOIR/S, CAPACITÉ/S :

Je ne dirais pas que je suis fière de mes pouvoirs. Au contraire, ils me font peur. Je ne peux plus écrire sans avoir peur des conséquences. Je ne contrôle pas ce que j'écris, même si ce n'est qu'une simple plaisanterie. J'arrive à contrôler les gens rien qu'en écrivant. Et ce n'est pas forcément dans les meilleures conditions. Mes pouvoirs agissent pour le pire et non pour le meilleur. J'ai tellement peur de ce que j'écris, de mes pensées. Et le pire est arrivé, j'ai l'impression que mes pouvoirs commencent à travers les mots que je prononce maintenant. J'ai l'impression de m'enterrer dans un grand silence. Ce pouvoir meurtrier me terrifie.


▬ HISTOIRE :


J'ai toujours été la petite fille heureuse, qui riait de tout et de rien. Je ne manquais de rien. J'avais des parents qui m'aimaient pour ce que j'étais, un grand frère qui prenait soin de moi. C'était comme la famille idéale, même si ce n'était pas réellement le cas. Mon père battait ma mère. C'était un accro aux jeux, mais surtout à l'alcool. Il en abusait un peu trop, mais tant qu'il ne levait pas la main sur nous, ma mère restait. Il était hors de question qu'il touche à ses enfants. C'était un fait pour ma mère. Elle préférait prendre tous les coups que de les partager avec nous. Je ne la comprenais pas. J'avais peur de ce père violant, mais elle refusait de l'entendre. Elle préférait rester dans l'image de sa famille parfaite que d'entendre les appels au secours de sa fille.

Si ma mère voulait jouer à ce jeu. Je le jouerai aussi. Il est hors de question que les autres à l'école sachent ce qu'il se passe chez moi. Je ne disais pas à mes amis de passer chez moi le soir après l'école, ne sachant pas dans l'état dans lequel était mon père. Je ne voulais pas que mes amis connaissent mon quotidien. Je ne voulais pas qu'il leur hurle dessus comme il le faisait pour moi ou pour mon frère, sans aucune raison. Je voulais les laisser en dehors de ça. Il n'y eut que Meredith qui fit sa connaissance. C'était ma meilleure amie. Rien n'aurait pu nous séparer.

Avec Meredith, on faisait les quatre cents coups. On avait peur de rien. On tenait tête au reste du monde. On riait de tout et de rien. Elle était comme une sœur pour moi. Rien ne pouvait nous séparer. C'était une amitié qui a pratiquement commencé dès le bac à sable. Alors que j'étais un peu la surdouée de la classe, elle me demandait souvent des conseils, de l'aide pour les devoirs. Les week-ends, je les passais chez elle. Je fuyais le cocon familial, la violence de mon père. Je rigolais jusqu'à manquer d'air avec elle. Nous regardions des films chaque soir où je dormais chez elle. Nous grandissions ensemble. Lorsque nous étions devenus adolescentes, nous parlions un peu plus des garçons qui nous entouraient. On se taquinait, faisant des plans pour sortir avec le garçon qui nous plaisait avant de lui casser du sucre dans le dos, car il nous avait fait la pire crasse. Ce n'était pas grand chose, mais c'était de bons moments passés avec elle.

Mes parents étaient légèrement anti-technologie. Nous n'avions pas de téléphones fixes, ni même d'ordinateur. Et comme mon frère à seize ans, j'eus le droit à mon premier téléphone portable, ainsi que mon premier ordinateur portable. C'était comme une petite libération. Je connaissais enfin ce que les autres de mon âge connaissaient depuis un moment. Je m'inscrivais sur les mêmes réseaux sociaux que ma meilleure amie. Avec notre réputation, nous avions pas mal d'amis. Grâce à elle, on avait réussi à être parmi les plus populaires du lycée. Je ne sais pas comment elle a réussi à nous lancer au plus haut de l'affiche si je peux dire. On traînait avec les membres de l'équipe de football et les cheerleaders. C'était assez cool en fait. On était invité à toutes les fêtes. Les plus beaux mecs voulaient sortir avec nous. C'était une situation qui nous amusait un peu. On n'avait pas toujours été au plus haut de l'échelle.

Quoi qu'il en soit, la technologie avait changé ma vie. Et parfois, je regrette d'avoir eu cet ordinateur. C'était un soir. Les parents de ma meilleure amie étaient partis se coucher. Elle ne pouvait pas parler et ses écouteurs avaient rendu l'âme, il y avait une semaine de cela. Elle me taquinait à propos d'un certain Mark. C'est vrai qu'il était mignon, qu'il me tournait légèrement autour, mais je ne le connaissais pas assez pour sortir avec. Et, à force de me taquiner, j'ai fini par lui écrire d'aller se pendre. C'était de l'humour bien sûr, mais son visage s'est transformé. Il est devenu inexpressif et elle a disparu de mon champ de vision. Je me souviens toujours de sa chambre. C'était une vieille maison, avec les poutres apparentes. Et, lorsqu'elle est revenue, je l'ai vu monter sur son bureau pour nouer la corde à l'une de ses poutres. J'étais prise de panique. Je faisais de grands signes, lui écrivais d'arrêter. J'attrapais mon portable, composant le numéro de sa maison. Et lorsque je portais le téléphone à mon oreille, reportant mon attention sur l'écran, je vis Meredith se laisser glisser de son bureau, la corde nouée autour du cou. C'est sa mère qui décrocha le téléphone et je fus incapable de lui dire ce que je venais de voir. Je n'arrivais qu'à prononcer le nom de ma meilleure amie et, lorsque sa mère entra dans la chambre, je vis tout de suite la détresse dans ses yeux, la peur et surtout la tristesse. Ne pouvant en supporter plus, je fermais l'ordinateur et fondis en larmes.

La nouvelle s'était vite propagée au lycée. J'étais comme une coquille vide. Je ne comprenais pas ce qui lui avait pris. Et soudainement, pour tout le monde, certains comportements étranges de leurs amis prirent sens quand ils les mirent en relation avec certains de mes commentaires. J'étais devenue une grande manipulatrice à leurs yeux. J'étais devenue une sorcière et tout le monde m'appelait Le Monstre. Je n'étais plus humaine. Je n'étais qu'une vulgaire chose qu'il fallait éliminer. Du jour au lendemain, on me tournait le dos. On ne m'adressait plus la parole, on me fuyait. Tout le monde me supprimait de leurs amis sur les réseaux sociaux et ceux qui ne le faisaient pas, venaient marquer des choses immondes sur mon profil. J'étais détestée de tout le monde, et je commençais à me détester aussi. Je me détestais tellement qu'un soir, je pris la boîte de médicament et les avalais tous d'un coup.

Ma tentative de suicide avait échoué. Je m'étais retrouvée pendant un long moment à l'hôpital. Mon frère, qui était également au lycée, ne cherchait pas à prendre ma défense. Il ne m'appelait pas Le Monstre pour autant. Mais je le sentais de plus en plus distant. Je refusais de manger, de parler ni même d'écrire. J'étais terrifiée par mes capacités. Je me coupais du monde extérieur. Je ne savais pas ce qu'il se passait. Et même s'il me semblait que c'était l'apocalypse à l'extérieur, je fermais les yeux sur ce qu'il se passait. Mais je voulais sortir de cette chambre triste à en mourir. Le seul moyen pour ça, c'était de manger. Ce que je commençais à faire petit à petit. Et, à ma sortie d'hôpital, je ne rentrais pas chez moi. D'une décision commune, mes parents avaient décidé de m'envoyer à l'Institut Xavier. Depuis ma tentative de suicide, je ne suis jamais retournée chez moi. De toute façon, je ne me sentais à ma place nulle part.